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Qu’est-ce-que l’autisme ?

Mise à jour le 12/04/2023 07:54:53 – par la Maison de l’autisme

L’autisme est un trouble très précoce du développement de l’enfant qui se caractérise par des difficultés de communication et des interactions sociales. Les caractéristiques de l’autisme varient énormément d’une personne à l’autre et couvrent un large spectre : c’est pourquoi on parle de troubles du spectre de l’autisme (TSA). On classe l’autisme dans les troubles du neuro-développement (TND).

Cette page a pour objectif de présenter ce trouble et ses caractéristiques de façon synthétique.

Comment définir les Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) ?

L’autisme est un Trouble du Neurodéveloppement (TND) qui se caractérise principalement par :

  • les déficits persistants de la communication et des interactions sociales ;
  • le caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts et des activités.

Les Troubles du neurodéveloppement désignent l’altération d’un ou plusieurs mécanismes de fonctionnement du cerveau : motricité, traitement sensoriel, langage, communication, interactions sociales…

Parmi les TND, on compte aussi le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), les troubles des apprentissages, ou “dys” (dyslexie, dyspraxie, dysphasie…) et les troubles du développement intellectuel.

L’autisme peut s’exprimer chez les personnes concernées par une très large variété de manifestations durant la petite enfance, qui persistent tout au long de la vie. C’est pourquoi le terme de “Troubles du Spectre de l’Autisme” (TSA) est utilisé. Par exemple, certaines personnes autistes peuvent avoir une parfaite maîtrise du langage, alors que d’autres personnes ne parlent pas du tout.

Depuis 2013, les classifications scientifiques internationales ont renoncé à classer les types d’autisme en grandes catégories (autisme typique ou atypique, Asperger, etc.), et ont abandonné la notion, longtemps utilisée, de « Troubles Envahissants du Développement » (TED), au profit de Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA).

Cette révision des termes étant récente, il se peut que certaines personnes utilisent encore cet ancien vocabulaire.

Comment l’autisme se manifeste-t-il au quotidien ?

L’autisme se manifeste par :

1. Des troubles de la communication :

Par exemple, peu ou pas du tout de langage, la répétition inadaptée de mots entendus ou de morceaux de phrases (ce qu’on appelle des écholalies), une communication non-verbale absente ou inadaptée, une difficulté à exprimer ses émotions, non-compréhension de l’implicite ou du second degré…

2. Des particularités dans les interactions sociales :

Par exemple, des échanges de regards mal adaptés, des tours de paroles non respectés, une difficulté à se mettre à la place de l’autre, à partager un intérêt, un très grand sens du détail…

3. Des activités ou intérêts envahissants :

Par exemple, le respect d’une routine et la perturbation face à l’imprévu, la connaissance extrêmement approfondie d’un sujet précis (trains, météo, animaux, etc.).

4. Des comportements répétitifs :

Par exemple, répétition involontaire et rythmique des mêmes mots, gestes (ce qu’on appelle stéréotypies) ou rituels, actions répétitives.

Les personnes autistes présentent aussi souvent une hypersensibibilité ou une hyposensibilité aux sons, lumières, couleurs, toucher, goût, …). Tous ces signes s’expriment avec des intensités variables, d’où le terme de “Troubles du Spectre de l’Autisme”.

Les signes d’alerte qui peuvent faire penser à un trouble du spectre de l’autisme sont :

Entre 6 et 9 mois :

  • Pas ou peu de contact visuel
  • Pas ou peu d’expressions de joie, de sourire
  • Pas ou peu d’échange, d’expressions faciales avec d’autres personnes

Entre 9 mois et 1 an :

  • Pas ou peu de réponse à l’appel de son prénom
  • Pas ou peu de babillage
  • Pas ou peu de gestes de communication comme le fait de pointer du doigt ou faire non de la tête

Entre 1 et 2 ans :

  • Pas ou peu de production de mots, de phrases significatives, en dehors de l’imitation

À tous les âges :

  • Perte de la parole ou de compétences de communication déjà acquises
  • Pas de contact visuel
  • Solitude, isolement, difficulté à interagir avec autrui
  • Obsessions débordantes ou intenses, routines, comportements répétitifs
  • Sur-réactions aux bruits, aux lumières, aux textures, aux odeurs, aux couleurs.

Vous vous posez des questions pour vous-même ou pour une personne de votre entourage ? Consultez les pages dédiées pour les enfants et les adultes.

Qu’est-ce que l’autisme n’est PAS ?

  • Un handicap mental. L’autisme est un trouble du neurodéveloppement. Cela peut impacter les processus mentaux, cognitifs ou sensoriels (le traitement de l’information ou le cheminement de la pensée) mais c’est très différent d’une personne autiste à l’autre. On peut être une personne autiste sans déficience intellectuelle, ou avec. La confusion entre autisme et handicap mental provient peut-être du fait que le diagnostic d’autisme n’est souvent envisagé que lorsque les exigences de la vie quotidienne dépassent les capacités de la personne. Cependant, les premiers signes de l’autisme peuvent être décelés dès 18 mois.
  • Un trouble psychiatrique, même si les personnes autistes peuvent avoir des troubles psychiatriques associés.
  • Une mauvaise éducation de l’enfant ou un problème dans sa relation avec ses parents. L’autisme est un mode de traitement des informations externes (communication, relations sociales, sensorielles) et internes (sensations, émotions) spécifique qui peut entrainer des situations de handicap plus ou moins importantes. L’hypersensibilité parfois associée à l’autisme peut provoquer des situations complexes pour l’enfant autiste (« crises »). Mais l’éducation parentale ne joue en rien dans ces sensibilités exacerbées. De même, l’influence de la psychanalyse jusque dans les années 70 a marqué la compréhension de l’autisme. La psychanalyse parlait de « psychose infantile ». Ce terme n’est plus employé dans aucune classification officielle depuis 1980. L’autisme est un trouble du neurodéveloppement, et n’est donc pas causé par la relation enfant-parents.

En dehors du domaine médical, certaines personnes elles-mêmes ont défini l’autisme à leur façon, comme Marc Segar, écrivain britannique autiste : « Faire scientifiquement ce que les autres font intuitivement » (Marc Segar, Faire face). Brigitte Harrisson et Lise St-Charles, l’une spécialiste des TSA et l’autre femme autiste, ont, elle, décrit l’autisme comme « fonctionner toujours en mode manuel là où les autres fonctionnent en mode automatique » (cf. L’autisme expliqué aux non-autistes).

Autisme de haut niveau, Asperger, Kanner, HPI… : pourquoi plusieurs noms ?

Les personnes autistes présentent des profils très divers, c’est pourquoi on parle de « troubles du spectre de l’autisme » (TSA). Le niveau de sévérité des troubles entraîne un niveau de besoin d’aide différent selon les personnes.

Parfois, les chercheurs, les médias, les associations et les acteurs institutionnels, entre autres, évoquent encore aujourd’hui des profils d’autisme léger ou d’autisme de haut niveau, tel que le syndrome d’Asperger ou encore d’autisme sévère dit « de Kanner » associé à des troubles du langage de la communication et des interactions sociales plus importants. Ceci n’existe dans aucune classification médicale.

Par ailleurs la distinction « autisme sévère » et « autisme léger » est peu pertinente car une personne peut avoir des difficultés lourdes dans certains domaines et légères dans d’autres. Trop souvent la distinction opérée entre les deux est faite sur la base de traits autistiques visibles : si une personne autiste semble avoir du mal à parler, ou si ses stéréotypies sont très visibles, les gens diront qu’il est autiste « lourd », or une personne autiste verbale qui ne stim pas publiquement pourra avoir autant voire plus de difficultés. Il est plus pertinent de parler de personnes autistes avec ou sans déficience intellectuelle, avec ou sans retard de développement du langage, et de quantifier le niveau de besoin pour chaque trait autistique (même si ces mesures sont variables dans le temps de toutes façons). »

Le syndrome autistique peut, par ailleurs être observé dans des pathologies génétiques associées, avec handicap intellectuels sévère comme le contrôle de l’X fragile, ou le syndrome de Rett.

Même si nombre de personnes autistes engagées préfèrent une représentation du spectre de l’autisme en toile d’araignée à une représentation linéaire, l’existence des troubles d’intensité variable ne saurait être occulté.

Par la notion de « spectre », on ne fige pas une personne autiste sur une échelle de « très autiste » à « un peu autiste ». Chaque personne étant différente, chaque trouble étant spécifique, le spectre permet de définir une place selon différentes capacités : le langage, la perception, les émotions, les capacités motrices… Ainsi, un enfant autiste pourra maîtriser la communication verbale, mais pourra se sentir en difficulté pour percevoir et comprendre ce que l’autre lui demande. Il s’agit de repérer les forces et les faiblesses de chaque personne autiste pour recommander les interventions adaptées.

Quelles causes et quels facteurs de risque de l’autisme ?

Les TSA sont liés à des anomalies très précoces, d’origine anténatales du neurodéveloppement.

Les experts sont aujourd’hui unanimes pour reconnaître une forte implication de facteurs génétiques. Dès les années 1970, des recherches sur des jumeaux et plus largement sur des familles, ont en effet révélé la piste génétique dans la survenue de l’autisme. Mais pour comprendre réellement les mécanismes génétiques de l’autisme, et même identifier des mutations impliquées, il a fallu attendre le début des années 2000 et l’avènement des techniques de biologie moléculaire et de séquençage. C’est à l’institut Pasteur, en France, qu’on a identifié pour la première fois des mutations sur deux gènes. Ces mutations affectent des gènes directement impliqués dans le fonctionnement des points de contact entre les neurones aussi appelés synapses, mais aussi dans la structure des synapses.

Depuis, et grâce aux travaux de diverses équipes dans le monde, d’autres mutations génétiques ont été identifiées. Le nombre de gènes identifiés dans l’autisme augmente et le plus souvent ils concernent deux processus biologique : la formation du système nerveux en modulant la formation des synapses (la synaptogenèse) et la régulation des gènes. De fait, il est désormais acquis que des facteurs génétiques jouent un rôle essentiel dans la vulnérabilité à l’autisme.

Mais l’extrême variabilité des troubles d’une part, et le grand nombre de mutations découvertes d’autre part, rendent la tâche difficile pour les chercheurs. Si dans certains cas, la variation d’un seul gène peut expliquer une grande partie des symptômes d’un patient, dans d’autres cas la situation génétique est beaucoup plus complexe, impliquant parfois plus d’une centaine de gènes qui individuellement n’auraient pas d’effet, mais qui combinés ensemble, augmentent le risque d’avoir un autisme. Et la situation est d’autant plus complexe que chez 10 à 20 % des personnes, ces mutations génétiques ne sont pas héritées, mais sont apparues de novo (de manière spontanée).

Aujourd’hui, l’intervention des facteurs environnementaux est pris en compte (virus toxiques…). La naissance prématurée constitue un autre facteur de risque. Des médicaments antiépileptiques pris par la mère durant la grossesse connue la Dépakine sont aussi des facteurs connus de ces troubles.

Quelles sont les fausses croyances qui circulent sur l’autisme ?

Les données scientifiques adultes montrent que ni les vaccins, ni les caractéristiques psychologiques des parents ne sont des facteurs de risques TSA.

Qu’est ce que la science n’a pas encore pu démontrer ?

Les écrans « rendent-ils » autiste ?

Dans la mesure où l’on naît avec des troubles du spectre autistique , et qu’on ne le « devient » pas, il serait exagéré d’avancer une telle théorie. On peut simplement avancer que, l’usage abusif d’un ordinateur, de la télévision ou d’une tablette est susceptible d’accentuer des troubles déjà existants chez une personne autiste, en la rendant plus isolée et moins apte à la socialisation.

A contrario, certaines personnes autistes ont besoin d’un écran (tablette, smartphone…) pour communiquer, par exemple avec des pictogrammes qui s’affichent sur une tablette suivant la méthode PECS.

La Haute autorité de santé est très claire sur le sujet : « Les études scientifiques disponibles montrent de manière quasi-unanime que cette tendance a des incidences négatives majeures sur le développement des fonctions cognitives, les champs particulièrement affectés étant la réussite scolaire, le langage, l’attention, le sommeil et l’agressivité. Cependant, il n’y a pas d’éléments dans la littérature au sujet d’un quelconque rapprochement entre exposition aux écrans et TSA ».

Pour consulter les recommandations de bonnes pratiques concernant le trouble du spectre de l’autisme par la Haute Autorité de santé, cliquez ici.

Le microbiote intestinal est-il impliqué dans les troubles liés à l’autisme ?

Aujourd’hui, certains chercheurs présentent l’intestin comme étant le « deuxième cerveau ». Des études sont en cours pour préciser le rôle du microbiote dans le neurodéveloppement.

Cependant, à ce stade, aucune étude n’a prouvé de façon satisfaisante un lien direct entre microbiote et TSA.

Le régime sans gluten permet-il de « guérir » de l’autisme ?

Certains parents décident de mettre en place un régime sans gluten et sans lactose pour leur enfant autiste, une fois le diagnostic posé. Plusieurs d’entre eux témoignent que leur enfant est moins agité et en concluent à l’efficacité du régime. Ces témoignages n’ont aucune valeur scientifique.

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) affirme, après examen de plusieurs études scientifiques, que « les données scientifiques actuelles ne permettent donc pas de conclure à un effet bénéfique du régime sans gluten et sans caséine sur l’évolution de l’autisme », et rappelle que la mise en place d’un régime d’exclusion comporte toujours un risque pour l’état nutritionnel et la croissance d’un enfant.

Pour consulter le guide des régimes sans gluten et sans caséine proposé par l’AFSSA, cliquez ici.

Pour en savoir plus sur les formes d’autisme, cliquez ici.

Vous pouvez également consulter l’article « Quel lien entre l’autisme et le microbiote ?« , sur le site de comprendrelautisme.com au 1er mars 2019.

Quelle est la prévalence en France, et à l’international ?

Le terme de prévalence désigne le nombre de cas d’un trouble ou d’une maladie dans une population donnée.

Prévalence globale des TND

  • La prévalence estimée de l’ensemble des TND augmente depuis la fin du 20ème siècle dans la plupart des pays du monde, en particulier les Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) et le Trouble du Déficit de l’Attention et/ou Hyperactivité (TDAH) avec une augmentation de la prévalence de l’ensemble des TND entre la période 2009-2011 de 16.2% à 17.8% pour la période 2015-2017.
  • Un enfant sur 6 présente donc un trouble du neuro-développement.
  • Les raisons de ces augmentations sont insuffisamment comprises mais l’implication d’expositions environnementales est suspectée.
  • Des études épidémiologiques supplémentaires doivent être menées en France pour estimer la prévalence des TND dans la diversité des territoires, en surveiller l’évolution au cours du temps et examiner le rôle causal de certaines expositions environnementales.
  • Une augmentation progressive de la prévalence des TSA chez les enfants âgés de 8 ans a été constatée : 0.6% en 2000 à 2.3% en 2018 (CDC, 2023). Les résultats de plusieurs études convergent concernant l’augmentation de la prévalence des TSA aux Royaume-Uni (2022), au Canada, en Australie et dans bien d’autres pays dont la France.
  • La prévalence du TDAH au niveau mondial varie entre 2% et 7% (ce qui est très proche des données de prévalence estimées en France) avec une augmentation des estimations de prévalence et des prescriptions de psychostimulants dans la plupart des pays depuis la fin du 20ème siècle.

Les résultats des études de la prévalence des TSA en France

  • Deux registres ont collecté des données principalement via les MDPH : ils couvrent les départements de la Haute-Garonne et ceux de l’Isère, de la Savoie et de la Haute Savoie.
  • Une augmentation des diagnostics de TSA chez les enfants de 8 ans nés entre 2007 et 2009 par rapport à ceux nés entre 1995 et 1997 (augmentation de 2.3 à 7.7‰ et de 3.3 à 5.6‰ respectivement pour les deux registres).
  • Dans la Haute-Garonne, le rapport de 2021 indique encore une poursuite de l’augmentation avec une prévalence des TSA chez les enfants nés entre 2009 et 2011 estimée à 9.5‰.
  • Les prévalences rapportées en France sont inférieures aux prévalences estimées aux Etats-Unis, suggérant un sous-diagnostic en France des individus avec des TSA. Il existe des variations importantes des estimations de la prévalence des TSA selon les pays. Par exemple au sein des pays européens, la prévalence des TSA entre 7 et 9 ans en 2015 allait de 0.5% dans le sud-ouest de la France à 3.1% en Islande.
  • Les études menées sur des périodes et des tranches d’âges similaires, et avec une approche systématique, rapportent une prévalence des TSA proche de 1% en Italie et en Espagne.
  • Le fait de prendre les Etats-Unis comme référence pour un diagnostic optimal des TSA est discutable compte tenu de la possibilité de sur-diagnostics des TSA aux Etats-Unis.

Une prévalence du TND en augmentation dont une partie des causes est inconnue

  • La prévalence des TND est influencée par un ensemble de facteurs tels que l’évolution des classifications et des critères diagnostiques, la diffusion des connaissances dans le champ médical et dans le grand public, ou encore l’offre de soin.
  • D’autres facteurs pourraient contribuer à l’augmentation de la prévalence des TSA, et plus largement des TND, notamment l’influence des changements majeurs de l’environnement (alimentation, mode de vie, activités professionnelles, pollution des milieux, etc.).

La persistance de ces troubles à l’âge adulte et leurs retentissements

  • Ces troubles persisteront à l’âge adulte pour environ 70 % des personnes avec un retentissement sur leur qualité de vie professionnelle, familiale et sociale : les études réalisées aux Etats-Unis et au Royaume-Uni pour les TSA convergent vers une estimation d’un coût global vie-entière lié à la pathologie de plus de 2 millions d’euros par personne avec un TSA associé à un TDI, et de plus de 1.3 millions d’euros pour ceux avec des TSA sans TDI associé.
  • Des études médico-économiques ont bien mis en évidence que la mise en place précoce de soins adaptés et une réduction des délais d’attente baissent significativement les coûts liés aux TND.
  • Les deux TND qui ont le retentissement le plus sévère sur la qualité de vie (en moyenne) sont les TSA et le TDI.
  • Pour les TSA, on estime qu’environ 10% des personnes avec des TSA auront un impact faible sur leur vie quotidienne à l’âge adulte, 20% auront une autonomie réduite et 70% une autonomie fortement réduite à l’âge adulte.
  • La présence d’un autre TND associé est très fréquente (>50% des individus) et aggrave encore l’impact fonctionnel du TND.

Données de surmortalité

Pour les personnes décédées entre 1999 et 2014 aux Etats-Unis, l’âge moyen au moment du décès était divisé par 2 par rapport à des personnes sans TND (36 ans versus 72 ans).

Comment obtenir un diagnostic ?

Les signes de l’autisme apparaissent lors des premières années de vie de l’enfant, généralement avant 3 ans. Le diagnostic peut être posé avant 19 mois, et il est possible de le réaliser tout au long de la vie.

Cliquez ici pour en savoir plus sur la démarche de diagnostic chez un enfant selon son âge, et chez un adulte.

Est-ce que l’autisme se guérit ?

L’autisme est un trouble neurodéveloppemental qui dure toute la vie. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de médicament spécifique pour l’autisme, mais un accompagnement et des interventions adaptés permettent de progresser et mieux vivre avec l’autisme.

Quelles sont les comorbidités ? Peut-on avoir un autre trouble en plus de l’autisme ?

Le terme de comorbidité désigne la présence simultanée d’un ou plusieurs autres troubles ou maladies associés à un diagnostic principal.

Les troubles associés en cas de TSA sont très fréquents. Leur prise en compte sur le plan diagnostique et thérapeutique peut considérablement améliorer la qualité de vie des enfants concernés et de leurs proches.

Parmi ces troubles associés, on peut souligner l’existence de :

  • troubles ou pathologies pouvant avoir un impact sur le fonctionnement de l’enfant avec TSA : autres troubles du neurodéveloppement (trouble du développement intellectuel, trouble du langage, déficit attentionnel, trouble développemental de la coordination [TDC], troubles sensoriels (surdité, basse vision),
  • perturbation des grandes fonctions physiologiques (comportement alimentaire et sommeil),
  • troubles psychopathologiques (anxiété, dépression, etc.)
  • pathologies neurologiques : (épilepsie, problème neuromoteur, fatigabilité ou paralysie, ataxie, mouvements anormaux)
  • pathologie somatique : dentaire, hormonale, cardiaque, digestive, métabolique, etc.

Chez l’adulte autiste, les comorbidités psychiatriques sont souvent à l’origine d’un diagnostic de troubles du spectre de l’autisme. Il s’agit notamment de l’anxiété, de la dépression, des troubles obsessionnels compulsifs et d’un risque accru de troubles bipolaires ou de schizophrénie.

Qu’est ce que la théorie de l’esprit ? Comment gérer l’implicite ?

La Théorie de l’esprit est un concept de psychologie. Il désigne la capacité d’une personne à attribuer des états mentaux (intentions, sentiments, pensées) aux autres individus. C’est cette aptitude qui permet d’anticiper et de comprendre les émotions et intentions d’autrui.

Certains enfants sur le spectre de l’autisme montrent des difficultés à attribuer à autrui des intentions, souhaits ou croyances. Il se pourrait que les enfants avec TSA aient donc des difficultés à saisir les composantes plus complexes de la théorie de l’esprit comme l’ironie ou l’implicite.

Certains chercheurs pointent un retard dans l’acquisition des capacités de théorie de l’esprit. Cependant, ce sujet est controversé et rejeté par certaines personnes autistes. Il n’existe en tout cas pas de données scientifiques à ce sujet.

L’implicite et le sens quelquefois multiple des mots constituent souvent une difficulté pour les personnes autistes. Les messages du quotidien peuvent ainsi être brouillés. Par exemple, bien travailler suppose une somme de comportements que l’on ne va pas tous appliquer intuitivement en pleine action (s’asseoir, faire l’exercice jusqu’à la fin, réfléchir, demander de l’aide, etc.) (Hilde de CLERCQ, L’autisme vu de l’intérieur).

C’est la raison pour laquelle beaucoup de personnes autistes privilégient souvent les supports écrits aux échanges à l’oral. Les expressions imagées (ex : tomber dans les pommes, mettre de l’eau dans son vin…) et les formes d’humour sont difficiles d’accès, mais peuvent être apprises au fur et à mesure selon le profil de la personne et avec l’accompagnement approprié.

Qu’est ce que la compensation du comportement ?

Même sans déficience intellectuelle associée, une personne autiste peut avoir des difficultés à exprimer ses propres émotions dans l’immédiat. En effet, cela peut entrer en contradiction avec d’autres règles de la vie quotidienne qu’elle aura apprises, comme ne pas « exploser » en public, prendre le temps de réfléchir et être autonome dans ses actions.

L’image qui symbolise facilement ce constat au sujet de l’autisme est la pièce de puzzle, car c’est comme s’il manquait toujours une pièce dans le fonctionnement de l’environnement que l’on se représente.

De plus en plus de travaux de recherche ciblent les manifestations de l’autisme chez les femmes, plus subtiles que chez les hommes en raison d’une aptitude particulièrement développée en termes d’adaptation sociale (cf. Rudy Simone, L’Asperger au féminin). Elles ont très souvent des centres d’intérêt proches de ceux de leurs pairs non autistes, comme les animaux, la nature et le fonctionnement humain. Certaines femmes autistes se décrivent même, de ce fait, comme étant des « caméléons ». Cependant, toutes éprouvent le besoin de se connaître et de faire connaître leur manière d’être.

Il existe une méthode connue sous le nom de théorie des cuillères, qui permet d’estimer la quantité d’énergie fournie pour chaque action et interaction sociale au quotidien. Christine Miserandino, à l’origine de cette théorie, a illustré sa fatigabilité (du lever jusqu’à la fin de la journée) en prenant douze cuillères à sa disposition dans un café. Chaque geste et réflexion (ex. conduite, cuisine) impliquant un effort conscient et une certaine concentration, elle ôtait une, deux ou trois cuillères à chaque tâche selon l’intensité. Ainsi, la théorie des cuillères peut aider tout un chacun à estimer ses efforts à chaque instant et inciter à se ménager.

Lire l’article de Christine Miserandino, The Spoon Theory – But You Don’t Look Sick, 2003.

Visionner la vidéo de Julie Dachez, Autisme et fatigabilité : la théorie des cuillères de Christine Miserandino, 2015.

Est-ce que toutes les personnes autistes ont des intérêts spécifiques ?

Chaque personne développe ses propres centres d’intérêt, qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Par exemple, une personne va s’intéresser à l’Histoire de France, une autre aux langues étrangères ou à la zoologie. Comme pour les personnes non autistes, le développement d’une passion ne s’explique pas toujours. Certaines personnes autistes n’ont également pas d’intérêt spécifique dès le plus jeune âge.

En d’autres mots, elles construisent leur(s) passion(s) avec le temps, au fil de leurs apprentissages et au contact des autres (ex. en famille, entre amis, à l’école, au travail). Les sujets d’intérêts peuvent donc varier au fil des âges.

Pour aller plus loin

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