Sommaire des fiches pratiques

Se déplacer

Mise à jour le 24/03/2023 10:43:30 – par la Maison de l’autisme

Comme tout le monde, les personnes autistes doivent effectuer des déplacements réguliers pour se rendre à l’école, au travail ou à des rendez-vous médicaux, par exemple. Toutefois, la gestion du temps et des imprévus, la fatigabilité sensorielle, la gestion de l’espace et de l’anxiété font partie intégrante du quotidien des personnes autistes, telles qu’elles le vivent de l’intérieur.

C’est la raison pour laquelle nous vous présentons des dispositifs pour effectuer vos trajets en toute sérénité et en obtenir la prise en charge adéquate.

Quelles sont les bonnes pratiques en matière de déplacement ?

Le bon déroulement de vos différents trajets suppose de prendre en compte plusieurs paramètres tels que : la distance entre l’école (ou l’entreprise) et la maison, les contraintes horaires de la famille, les imprévus en cours de route (ex : embouteillages, grèves) ou encore l’environnement stimulant dans les transports en commun (bruit, foule, lumières vives, odeurs, regard des autres), en plus de l’attente et des imprévus au niveau des horaires.

Plusieurs dispositifs de droit communs existent pour vous aider à vous déplacer, détaillés dans le reste de la page.

Toutes les options indiquées sur cette page sont des idées et des dispositifs existants qui peuvent faciliter vos déplacements et apprendre à vous déplacer par vos propres moyens en toute confiance. Elles montrent qu’il est possible de se déplacer sans trop s’inquiéter.

Cependant, même avec un bon apprentissage et la carte mobilité inclusion accordée par la MDPH, la gestion des transports et la conduite engendrent de toute façon une grande fatigabilité et surcharge sensorielle. Il est donc essentiel d’anticiper et de mettre en place des stratégies visuelles et sensorielles.

Existe-t-il un service public en Ile-de-France pour transporter mon enfant ?

Il existe en région parisienne un service de transport groupé, de porte à porte, destiné aux élèves et aux étudiants en situation de handicap. Pris en charge par Île-de-France Mobilités (anciennement appelé Stif), il s’adapte aux emplois du temps des élèves. Vous devez obtenir un avis favorable de la MDPH pour y avoir accès, et en effectuer la demande sur le site d’Île-de-France Mobilités. Sont pris en compte dans ce service les trajets suivants :

  • entre le domicile et l’école (privée ou publique) ou universitaire,
  • entre le domicile et un lieu de stage sur au moins 2 jours entiers consécutifs,
  • entre le domicile et l’entreprise où l’étudiant effectue une alternance.

Bon à savoir : les trajets vers les établissements médico-sociaux et les lieux d’activités périscolaires ne sont pas pris en compte par Île-de-France Mobilités. Pour cela, vous pouvez chercher une option qui prenne en compte ces déplacements.

Comment demander ce service de transport ? Dans un premier temps, vous devez joindre au formulaire téléchargeable sur le site le certificat médical de la MDPH. Par la suite, vous devrez joindre au formulaire de demande la notification de la CDAPH indiquant le taux d’incapacité de votre enfant, une copie de son emploi du temps et un devis du transporteur. Les frais de transport sont remboursés dans le cadre d’une scolarisation en milieu ordinaire, et si le taux d’incapacité est égal ou supérieur à 50 %.

Pour les autres trajets : En Île-de-France, il est possible d’adhérer au dispositif payant Pour Aider à la Mobilité (PAM), qui fonctionne 7 jours sur 7 de 6h à minuit (2h le vendredi et le samedi à Paris). Un conducteur accompagnateur passe au domicile de la personne pour la conduire jusqu’à destination. On peut y programmer des déplacements réguliers, notamment jusqu’au lieu de travail.

Lire l’article « Comment fonctionne le service PAM » sur le site iledefrance-mobilites.fr.

Existe-t-il une offre de transport en commun, adaptée en région ?

Au vu du peu d’exemples d’offres de transport spécialisées et de la diversité des profils autistiques, nous ne pouvons garantir l’existence d’une offre de transport adapté à l’échelle nationale.

Pour plus d’informations concernant les services disponibles du côté de chez vous, nous vous invitons à vous renseigner auprès de la MDPH de votre département et du réseau de transport dans votre région et également auprès de la mission handicap du Centre Communal d’Action Sociale de votre mairie.

Certaines initiatives sont néanmoins à citer : À Lyon, un collectif d’entrepreneurs a lancé en 2021 la Ligne bleue, comprenant :

  • une lumière bleue apaisante et des messages positifs,
  • des numéros aux sorties en plus de leurs noms,
  • des représentations de monuments à proximité des stations,
  • des marquages au sol pour mieux signaler les chemins, les montées et les descentes,
  • un portefeuille inclusif avec 3 compartiments distincts pour les tickets usagés, en cours et en réserve.

Ce dispositif a été testé dans une station de métro et une gare, et est la seule initiative connue à ce jour en France. Pour en savoir plus, lire l’article sur le site de Sytral ou l’article du Figaro. Vous pouvez également regarder la vidéo.

Autre exemple : dans le Tarn, l’association OTEMA-TSA propose aussi bien de permettre à des adultes autistes de travailler leur autonomie que de conduire les personnes jusqu’à leur lieu de travail. Il s’agit entre autres de tester des trajets récurrents grâce à la réalité virtuelle.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Quelles alternatives aux transports en commun et quelles aides me sont proposées ?

Pour les trajets de votre enfant entre l’école et le domicile : Vous pouvez demander la mise à disposition d’un taxi pour se rendre à l’école. Ce sont les conseils départementaux qui en sont en charge. Les modalités sont différentes d’un département à l’autre : renseignez-vous auprès de votre MDPH.

Pour les rendez-vous médicaux, vous pouvez bénéficier d’une prise en charge du transport s dans le cadre de votre ALD (Affection longue durée) ou en faisant la demande auprès du service médical. Dans les deux cas, rapprochez-vous de votre caisse primaire d’assurance maladie (CPAM).

Pour les trajets de votre enfant entre établissement médico-social et domicile : Un établissement médico-social organise le transport des personnes inscrites, donc le prend en charge. Si l’enfant est scolarisé en milieu ordinaire, vous devez faire la demande de prise en charge par courrier auprès du directeur de l’établissement. Le taux d’incapacité de la personne, son emploi du temps et le devis du transporteur sont demandés dans le cadre de cette prise en charge. L’écoute, la sécurité et la bienveillance sont favorisées dans le transport adapté.

Pour les trajets entre domicile et travail : Les adultes en emploi et demandeurs d’emploi peuvent bénéficier des aides aux transport de l’AGEFIPH ou du FIPHFP.

C’est à l’employé en situation de handicap d’en faire la demande pour son entreprise. Le financement attribué peut porter sur : des équipements adaptés à installer sur un véhicule individuel, l’aménagement de véhicule d’un tiers accompagnant, un taxi, un transport adapté.

Des indemnités kilométriques peuvent également être accordées à un aidant. Cette aide aux déplacements est plafonnée à 12 000 € par an et cumulable avec les autres aides de l’AGEFIPH et les aide de droit commun.

La prestation de compensation du handicap (dans son volet aménagement du véhicule ou surcoût lié aux transports), une des aides accordées par la MDPH, peut servir à compenser les frais de déplacement en taxi, à mettre en place un équipement adapté à son véhicule ou celui d’un tiers accompagnant, ou encore à aménager un véhicule pour les enfants et les adultes. Vous devez en faire la demande auprès de votre MDPH.

Le transport médical conventionné est pris en charge par la Sécurité sociale. Votre médecin doit compléter un formulaire d’affection longue durée (ALD) pour donner droit à la prise en charge du transport à 100 %, en taxi ou en véhicule sanitaire léger (VSL) par exemple.

Mon enfant autiste peut-il prendre les transports en commun ?

Si la personne autiste dont vous vous occupez peut apprendre à se déplacer en ville et par les transports en commun, mais aussi à demander de l’aide et utiliser un téléphone portable pour chercher son chemin ou prévenir en cas de problème, vous pouvez la préparer à la recherche des bonnes lignes de bus, de métro et de RER.

Elle peut aussi apprendre à faire face aux imprévus (ex. embouteillages, changements d’horaires), auxquels on peut remédier. Cet apprentissage peut faire partie de tous ceux que l’on met en place au fil de son accompagnement personnalisé.

Voici quelques conseils pour développer son autonomie et sa sérénité à l’extérieur – d’abord accompagné par ses parents ou un éducateur, puis seul si c’est possible :

  • Commencer cet apprentissage dans un environnement connu, sur des trajets de courtes durées,
  • Préparer les itinéraires pour ses déplacements réguliers, en montrant les lignes et les éventuelles correspondances,
  • Envisager de prendre un abonnement mensuel ou annuel, en fonction de la fréquence des déplacements (pour éviter d’acheter un ticket à chaque fois)
  • Repérer une zone d’attente, éviter la foule et avoir toujours de quoi s’occuper pour les temps d’attente, comme un livre, de la musique ou un casque anti-bruit
  • Visualiser les temps d’attente sur un écran ou les horaires imprimés sur papier à l’arrêt,
  • Accompagner la personne pendant des trajets, afin qu’elle visualise l’environnement
  • Se renseigner sur les lignes plus ou moins fréquentées à des créneaux horaires précis,
  • Savoir demander de l’aide au personnel de la station en cas de problème (ex. pour un retard, si aucune annonce ne précise le temps qu’il prend réellement ou un itinéraire de secours),
  • Avoir sur son téléphone une application permettant de chercher des itinéraires à tout moment.
  • Avoir toujours sur lui, ou sur elle, une carte ou une fiche avec les numéros des personnes à contacter, les difficultés sensorielles et de communication de la personne autiste et l’attitude à tenir avec elle en cas de crises.

Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur le site autismeinfoservice.fr ou regarder une vidéo.

Avec l’habitude, les désagréments des transports en commun peuvent être moins gênants, du moment que l’on peut se poser. Par ailleurs, certaines personnes autistes peuvent apprendre à conduire. En fin de compte, tous ces choix se font en fonction des capacités de la personne autiste, et de son aptitude à gérer le stress – il y a autant d’autismes que de personnes autistes.

Existe-t-il une application dédiée à l’aide aux voyageurs autistes ?

Il n’existe pas vraiment d’application spécialement conçue pour les personnes autistes en matière de déplacements. Cependant, les fonctionnalités de certaines applis destinées au grand public (ex. Citymapper, Google Maps, Mappy, Moovit, RATP, Uber…) peuvent contribuer à réduire l’anxiété lors des déplacements.

Certaines proposent différents modes de transports possibles (Mappy), préviennent des mouvements de grève (Citymapper), donnent le prix des tickets (RATP). Grâce au crowdsourcing, des applis comme Moovit donnent en temps réel l’affluence dans une station ou à un arrêt. Pour les parisiens, il existe également une application nommée Paris-ci la Sortie de Métro, qui permet de se placer dans le bon wagon pour se retrouver face à la sortie à l’arrivée.

À quoi me sert la carte mobilité inclusion (CMI) ?

Il existe 3 types de CMI :

  • CMI stationnement (à fixer sur le pare-brise) qui donne droit à la gratuité du stationnement sans durée limitée, ou limité à min. 12h dans certaines villes*,
  • CMI priorité (à avoir sur soi), qui donne droit à une place assise et à la priorité dans les salles d’attente et les files d’attente,
  • CMI invalidité (incapacité à 80 %, à avoir sur soi), qui permet de bénéficier de la gratuité dans les transports en commun en plus d’une place assise et de la priorité dans les salles d’attente et les files d’attente. Il est possible de cumuler la CMI stationnement et la CMI priorité (ou invalidité).

Vous pouvez la demander en complétant un dossier MDPH ou en faisant la demande d’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), à partir de 60 ans. La CMI est accordée pour une durée allant de 1 à 20 ans, ou définitivement pour les bénéficiaires de l’APA.

Vous pouvez en savoir plus en cliquant ici.

Attention, dans certaines villes comme Paris ou Suresnes (92), les personnes doivent s’enregistrer auprès des services de stationnement ou prendre un ticket à une borne ou via une application, si elles ne veulent pas de contravention, malgré la présence de la carte sur le pare-brise. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Vous pouvez aussi consulter les fiches dédiées à la Carte Mobilité Inclusion en facile à lire et à comprendre du site Mon Parcours Handicap.

Quelle est la législation en vigueur sur le télétravail pour les personnes autistes ?

Si le métier le permet, et à la demande du salarié autiste, de son employeur ou du médecin du travail (obligatoire si l’on veut travailler de chez soi à 100 %), le télétravail peut éviter aux personnes autistes l’hyperstimulation dans les transports en commun et/ou l’anxiété face aux incertitudes sur les routes. Cependant, cette solution peut aussi être source de problèmes. La multiplicité des canaux et des échanges sur écran, présentent un risque de déconcentration. Le sentiment d’isolement peut s’installer avec la perte des contacts sociaux quotidiens. Une concertation approfondie entre la personne et son employeur et un suivi régulier par la médecine du travail sont donc recommandés pour envisager le télétravail.

Pour en savoir plus :

En résumé

Toutes les options indiquées ci-dessus sont des idées et des dispositifs existants qui peuvent faciliter les déplacements des personnes autistes et apprendre à se déplacer par ses propres moyens en toute confiance. Elles montrent qu’il est possible de se déplacer sans trop s’inquiéter. Cependant, même avec un bon apprentissage et la carte mobilité inclusion, la gestion des transports et la conduite engendrent de toute façon un grande fatigabilité et surcharge sensorielle.

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