Se loger quand on est une personne autiste
Mise à jour le 29/03/2023 11:05:04 – par la Maison de l’autisme
Lorsque l’on devient adulte, la question de savoir comment on va pouvoir se loger se pose naturellement. Pouvoir choisir son lieu de vie, son logement, est un droit fondamental pour tous les citoyens. C’est aussi un vecteur d’inclusion dans la société, et de bien-être individuel.
Quand on est une personne autiste, et selon les difficultés associées à l’autisme, il peut sembler plus complexe de trouver le logement adéquat. Nous vous donnons des pistes pour mener une recherche de logement qui prendra en compte les attentes de la personne, ses ressources financières, son profil sensoriel et ses difficultés motrices.
Vous pouvez aussi consulter les fiches dédiées aux accompagnements par des services ou des établissements en facile à lire et à comprendre du site Mon Parcours Handicap.
Il n’existe pas de règle unique pour se loger lorsque l’on est une personne autiste. Vous pouvez habiter dans plusieurs types de logements, selon votre situation personnelle, vos envies, et vos difficultés dans la vie quotidienne.
1/ Logement autonome :
C’est quoi ? Un habitat du secteur privé ou social (voir plus bas), que la personne pourra, si elle le souhaite, aménager en fonction de ses besoins. C’est un lieu de vie indépendant correspondant à tout lieu de vie indépendant couvrant les besoins du quotidien (repas, hygiène, sommeil..) Il peut s’agir d’un logement individuel, du domicile parental ou encore d’une colocation. En 2011, environ 30% des personnes diagnostiquées comme autistes en France vivent en logement autonome.
Pour qui ? Les obstacles à l’accession au logement autonome restent nombreux, notamment en raison :
- des revenus généralement faibles perçus par les personnes autistes,
- de l’absence de prise en compte des problématiques sensorielles en cas de demande de logement social,
- de difficultés à accéder à un prêt immobilier.
Ce type de logement est néanmoins accessible aux personnes qui le souhaitent, avec des aides financières et, si besoin, humaines.
Quelles aides ? Vous choisissez de vivre en logement autonome. Vous pouvez demander :- La prestation de compensation du handicap (PCH) afin de recourir à une aide à domicile pour les tâches de la vie quotidienne et l’entretien du logement. Il faut, pour l’obtenir, faire une demande auprès de la MDPH.
- L’aide personnalisée au logement (APL), si vous devenez locataire. Cette aide financière est destinée à réduire le montant des loyers ou redevances. L’attribution de l’APL dépend de la situation familiale (célibataires, mariés…), de la situation de leur logement et de leurs ressources. Il faut en faire la demande auprès de la CAF.
2/ Habitat inclusif :
C’est quoi ? Il s’agit d’une habitation destinée aux personnes avec handicap ayant une certaine autonomie mais nécessitant une aide auprès d’un professionnel, en fonction de ses besoins et de son degré d’autonomie.
L’habitat inclusif est caractérisé par les 3 critères fondamentaux qui suivent, selon la CNSA :
- Il offre à la personne « un chez soi », un lieu de vie ordinaire et inscrit durablement dans la vie de la cité, avec un accompagnement pour permettre cette inclusion sociale et une offre de services individualisés pour l’aide et la surveillance le cas échéant, en fonction des besoins ;
- Il est fondé sur le libre choix et, par conséquent, s’inscrit en dehors de tout dispositif d’orientation sociale ou médico-sociale : le futur occupant, qui est responsable de son mode de vie, du choix des services auxquels il fait appel et du financement des frais engagés, choisit l’habitat inclusif ;
- Le fait de ne pas être éligible à la prestation de compensation du handicap (PCH) ou de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ne saurait constituer un critère d’exclusion de l’habitat inclusif dès lors que le modèle économique permet le fonctionnement du projet.
Quelle aide ?
Vous pouvez demander la prestation de compensation du handicap (PCH).
Si vous désirez habiter sereinement votre logement, il est important qu’il soit adapté à votre profil sensoriel et vos besoins personnels, ou celui de votre enfant autiste.
Isolation
Par exemple, il faut l’isoler des bruits extérieurs (voie rapide, autoroute ou périphérique, travaux, etc). Egalement, il sera judicieux de l’équiper de lumières tamisées, rambardes de déplacements, pièces insonorisées…
Vous devez également vous assurer de la présence de fenêtres double vitrage (pour l’isolation phonique, notamment).
Confort sensoriel
Il est recommandé, pour le confort visuel d’une personne autiste, de peindre les murs en utilisant de la peinture lessivable, avec des couleurs atténuées. On privilégiera, aussi, un éclairage solide non gourmand en électricité, majoritairement sous forme d’appliques murales.
Accessibilité
Enfin, les WC et la salle de bains doivent être aménagés de façon à ce qu’un aidant puisse y entrer, et qu’il y ait assez de place pour l’accès aux personnes à mobilité réduite (PMR) si c’est le cas de la personne autiste
C’est une liste non exhaustive des aménagements à prévoir. Il y en a évidemment d’autres, pour que la personne autiste s’installe et s’épanouisse rapidement et sûrement au sein de son logement. Voici un exemple de site qui explique les travaux à prévoir.
Une vidéo « Aménager son espace pour les personnes autistes » du CRA Ile-de-France.
Si vous avez fait une demande de logement social, le bailleur social est censé financer lui-même les travaux nécessaires. Dans le privé, le propriétaire doit vous donner son accord par écrit pour les travaux à effectuer.
Vous devez joindre cet accord à votre demande de PCH (volet aménagement du logement) que vous adressez à votre MDPH.
Vous pouvez vous renseigner auprès des agences immobilières ou à la mairie de votre commune, pour connaître les modalités relatives à l’adaptation.
Le coût financier que représente l’adaptation de votre logement varie selon la nature des travaux à réaliser :
- travaux de construction (portes aux dimensions PMR),
- travaux d’architecture d’intérieure (peinture lessivable…),
- travaux d’isolation (fenêtres double vitrage)…
Il n’est donc pas possible de définir à l’avance combien coûte l’adaptation de votre logement.
Cependant, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre bailleur (social ou privé) pour vous renseigner sur cette démarche, faire estimer les besoins d’adaptation et le coût financier que cela représente. La PCH (volet aménagement du logement) peut aller jusqu’à 10 000 € sur 10 ans. Les travaux coûtant jusqu’à 1 500 € sont pris en charge à 100 % par la MDPH. Au-delà, ils sont pris en charge à 50 %.
Sachez également qu’en fonction de votre situation, vous pouvez bénéficier d’aides. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la page Mes aides.
Il existe plusieurs aides pour adapter votre logement :
- Prestation de Compensation du Handicap (PCH, volet aménagement du logement);
- Aide Personnalisée au Logement (APL);
- Allocation de Logement à caractère Familial (ALF) ;
- Allocation de Logement à caractère Social (ALS).
Vous pouvez en faire la demande à la MDPH (PCH) ou à la CAF (APL, ALF, ALS).
Plusieurs paramètres doivent être pris en compte pour vous sentir bien chez vous :
- l’hyper et l’hyposensibilité sensorielle,
- le besoin de repères spatiaux,
- la sécurité physique,
- le besoin de différents espaces délimités (ex : un coin détente).
Si vous en ressentez le besoin, pensez également à délimiter les différents espaces de vie, en mettant bien en évidence les objets, les ustensiles et les accessoires utilisés (ex : cuisine et ménage ; détente et vie sociale au salon ; nuit, bureau et habillage dans la chambre). Vous pourrez également placer votre lit contre un mur pour éviter les accidents, et il vous faudra privilégier les sols souples comme le linoléum et mettre des tapis pour ne pas vous blesser.
Enfin, au cas où il y aurait plusieurs personnes chez vous, pensez à aménager un petit espace pour vous et/ou accéder à une pièce moins sollicitante (type chambre à coucher).
Vous pouvez retrouver, dans ce guide pensé pour les maîtres d’œuvre, des idées d’aménagement d’un logement pour une personne autiste.
Vous devez créer un dossier de demande sur le site gouvernemental dédié au logement social. Des vidéos vous y expliquent pas par pas comment remplir cette demande. Sachez que l’attribution d’un logement social prend plusieurs mois, voire dans certaines zones, plusieurs années.
Attention : certaines sociétés, et notamment certains sites internet, profitent de cette situation pour vous proposer des guides ou des conseils payants, vous promettant une attribution rapide. Seule la Commission d’attribution, qui réunit les représentants de l’État, les collectivités locales et le bailleur social, est à même d’attribuer un logement social.
Vous pouvez aussi faire une demande de logement social par l’intermédiaire du dispositif 1 % logement, si votre employeur participe à la construction de logements sociaux (environ 1 % de la masse salariale). Votre employeur envoie votre dossiers à des organismes collecteurs, qui vous enverra des propositions de logement dans le périmètre que vous avez défini, avec un loyer correspondant à votre situation.
Dans votre dossier, vous indiquez entre autres votre situation géographique (lieu de travail…) avec un périmètre pour optimiser votre trajet, et votre salaire.
Le logement social est une option intéressante pour la recherche d’un premier appartement, car il n’y a pas de frais d’agence et les délais d’attente pour les visites sont particulièrement maîtrisés.
Attention, il n’y a pas encore de démarche spécifique permettant d’être prioritaire pour les personnes ayant un handicap dit invisible comme l’autisme. Ces logements sont dans la pratique prioritairement attribués aux personnes en situation de handicap moteur.
En île-de-France, les besoins sensoriels et de protection personnelle ne sont pas pris en compte dans l’attribution d’un logement et le choix d’un arrondissement ou département.
La priorité pour l’accès à un logement en rez-de-chaussée, dans un immeuble avec ou sans ascenseur, est fondée sur l’état de santé de la personne. Ainsi, des problèmes cardiaques constituent un motif légitime pour cette demande. Concernant l’autisme, nous ne pouvons garantir la priorité à ce type de logement.
Vous devez adresser votre demande de place en foyer à la MDPH de votre département. Cependant, nous ne pouvons en garantir l’accès en priorité, quelle que soit votre situation. La CDAPH doit rendre sa décision en théorie dans les 4 mois. Le délai est souvent plus long et peut varier sur plusieurs mois et en fonction des départements et régions.
Le droit au logement opposable (DALO), instauré dans la Loi du 5 mars 2007, vous permet de bénéficier de l’accès à un logement décent en ayant recours à l’amiable, au cas où aucun logement social ne vous serait attribué à la suite d’une longue attente.
Une commission de médiation est saisie, afin de faire valoir vos droits si vous n’avez pas de logement, êtes menacé d’expulsion, vivez dans un hébergement temporaire ou un logement insalubre. Chaque département dispose d’une commission. Il faut être en situation de handicap ou avoir un enfant mineur (ou en situation de handicap) à charge pour avoir recours au DALO. Attention, la demande peut être faite mais ne permet pas forcément d’accéder à la demande de la personne.
Si vous êtes reconnu prioritaire et ne vous voyez attribuer aucun logement dans un délai allant de 3 à 6 mois selon votre département de résidence, il vous faudra saisir le tribunal administratif. Celui-ci a 2 mois pour ordonner l’attribution d’un logement, voire une astreinte équivalente au loyer moyen d’un logement adapté à vos besoins.
Bien sûr, vous devez être joignable, expliciter le motif de tout refus d’une proposition (ex : loyer trop élevé, trop longues distances…), renouveler votre demande chaque année, engager le recours et être accompagné dans vos démarches. Des associations et d’autres structures dans le domaine du logement accompagnent gratuitement les demandeurs, comme Jurislogement.
Dans le logement social, les revenus ne doivent pas dépasser un certain plafond selon le nombre de personnes à loger. Vous devez compléter un dossier de demande unique (formulaire 14069*04) pour vous voir proposer un logement à un loyer réglementé et pour une durée indéterminée. Cela vous permettra de bénéficier d’un maintien dans les lieux sans date de fin.
Dans le logement privé, il n’y a pas de plafond de revenus à dépasser et il faut envoyer un dossier par demande. Le propriétaire est tenu de ne faire aucune discrimination. Le loyer est libre ou encadré selon la commune. Vous obtenez un logement en location pour au moins 3 ans quand il est vide, ou 1 an quand il est meublé.
Dans les deux cas, vous devez veiller à trouver un logement à un loyer équivalent au tiers (voire au quart) de votre principale source de revenus. Vous devrez fournir les 3 dernières fiches de paie.
- Autisme et droits : le droit au logement, Autisme Info Service
- Guide de l’habitat inclusif pour les personnes handicapées, CNSA, novembre 2017
- Autisme et aides au logement, Autisme Info Service
- Adapter son logement , Place Handicap
- Favoriser l’accès des personnes autistes aux logements « ordinaires » : guide technique des adaptations, Handicap.gouv.fr, juin 2020
- Reconnaissance de priorité DALO possible même si les critères sont partiellement remplis, Jurislogement
- Logement social ou logement privé : quelles différences pour le locataire ?, Service-Public
- Guide pédagogique et technique pour l’aménagement de l’espace, à télécharger sur le site du Centre de ressources autisme d’Alsace