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Méthodes pédagogiques et communicationnelles

Mise à jour le 23/03/2023 19:45:55 – par la Maison de l’autisme

Des méthodes pédagogiques et communicationnelles : pour quoi faire ? Contrairement aux enfants neurotypiques, qui acquièrent le langage oral très tôt par le babillage, le pointage et l’apprentissage des mots, les enfants autistes peuvent ne pas parler, savoir parler mais pas utiliser les mots de façon socialement attendue, ou encore savoir communiquer sans savoir s’y prendre avec ses pairs. C’est pourquoi des approches spécifiques autour de l’attention et de l’échange sont recommandées pour faciliter la communication et les apprentissages des enfants autistes, et au-delà, leur inclusion dans la société.

Communication alternative et augmentée, méthodes comportementales : nous vous présentons ici les méthodes pédagogiques et communicationnelles reconnues et recommandées dans le champ de l’autisme.

Qu’est ce qu’une méthode pédagogique et communicationnelle en matière de TSA ?

La communication verbale est un ensemble complexe de mots, d’expressions et de sens qui n’est pas facilement accessible à tous, dans la mesure où certaines personnes autistes n’ont pas les compétences requises en langage oral.

D’autres, encore n’ont pas les compétences en lecture pour comprendre les mots à l’écrit. Pour autant, il est important de donner à tous les enfants une possibilité de communiquer (comprendre les autres et se faire comprendre) afin d’assurer leur inclusion dans la société dès le plus jeune âge.

Des méthodes pédagogiques et communicationnelles existent pour accompagner votre enfant.

Il est fortement conseillé aux parents d’enfants autistes de prendre rendez-vous avec un orthophoniste ou un professionnel formé aux outils de communication. Il établira un bilan des compétences de communication et aidera l’enfant à les développer.

L’orthophoniste peut concevoir l’apprentissage en fonction du profil de chaque enfant et de ses besoins (prononciation des mots, vocabulaire et syntaxe, communication fonctionnelle, pragmatique et socialisation, communication alternative pour les personnes non verbales avec ou sans compétences en lecture).

Plusieurs outils de communication alternative sont plébiscités pour les enfants autistes. Le recours à des signes ou des pictogrammes, à des applications sur tablette, peuvent permettre à l’enfant de communiquer ses besoins et ses désirs autrement que par la communication verbale.

Mon enfant autiste ne sait pas parler (ou parle peu). Existe-t-il un outil qui lui permettrait de communiquer spontanément ?

La communication alternative et augmentée (ou améliorée) désigne un ensemble de méthodes pédagogiques permettant à des personnes non verbales de communiquer avec leur entourage.

Ces méthodes reposent sur l’utilisation de signes ou d’outils. Pour être efficaces, ces méthodes doivent être appliquées par tout l’entourage de l’enfant, à savoir sa famille et les professionnels impliqués dans ses apprentissages (école, éducateurs, orthophoniste, etc.) pour être efficace sur le long terme.

PECS

Si votre enfant autiste n’est pas verbal, vous pouvez recourir à un système de communication par échange d’images (Picture Exchange Communication System, PECS) à fixer sur des bandes auto-agrippantes, ou au langage gestuel inspiré de la langue des signes (Makaton).

Pour avoir recours aux images, il vous faut tenir un tableau et/ou un classeur. Si cela vous est trop difficile, vous pouvez utiliser une application spécifique comme Helpicto ou Mopikto.

La méthode PECS comprend plus de 3 000 pictogrammes et permet à l’enfant de visualiser ou mimer ce à quoi le langage spécifique fait référence, et ainsi ce qu’il veut demander à son interlocuteur. L’apprentissage s’effectue en six phases :

  • Phase 1 : Comment communiquer – prendre une image à la fois, à sa disposition, l’associer à l’objet ou l’activité désiré(e) ;
  • Phase 2 : Distance et persistance – se diriger vers le classeur ou le tableau, et l’instructeur pour formuler sa demande ;
  • Phase 3 : Discrimination d’images – choisir l’image parmi plusieurs à sa disposition (environ 50 concepts) ;
  • Phase 4 : Structure de la phrase – élargir son vocabulaire par les parties du discours pour formuler sa demande en choisissant les symboles adéquats (avec codes couleur) ;
  • Phase 5 : Demande réactive – réponse à la question « Qu’est-ce que tu veux ? » ;
  • Phase 6 : Commentaires – réponse à différentes questions types : « Que vois-tu ? », « Qu’est-ce que c’est ? »…

Chaque phase de l’apprentissage suppose l’acquisition de la compétence indiquée par les phases précédentes.

Makaton

Si l’enfant dit quelques mots, parle peu et a les capacités d’apprendre à parler, n’hésitez pas à dire les mots en les traduisant par les signes que vous connaissez. Le Makaton comprend 450 concepts répartis en 9 niveaux. Ainsi, vous pouvez espérer que votre enfant saura assimiler les mots aux gestes afin de les prononcer dans un avenir plus ou moins proche. Vous pouvez, par exemple, télécharger ici des histoires, des chansons, des jeux ou des activités avec les objets et les actions traduits en dessin. Le contenu de ces fiches a été conçu par des formateurs et des apprenants en Makaton.

Nous vous invitons à consulter les ressources indiquées à la fin de cet article pour connaître les pictogrammes, les images et les signes nécessaires pour communiquer avec votre enfant au quotidien.

Mon enfant parle, mais ne partage pas grand-chose avec nous. Comment puis-je savoir s’il est motivé à apprendre et communiquer ? ce qui le perturbe ?

Pour motiver l’enfant à communiquer et à apprendre, vous devez avoir quelque chose de précis, de concret à communiquer. Et surtout, votre enfant a besoin de temps pour apprendre à communiquer. Il s’agit surtout de croire en lui et en vous, car la personne autiste aura facilement envie d’apprendre en percevant ce ressenti positif.

Pour que l’enfant comprenne que vous souhaitez communiquer avec lui, il faut réunir certaines conditions favorables. Rapprochez-vous de lui, placez-vous bien en face à face et à sa hauteur. Éteignez la télévision, rangez la tablette et les éléments perturbateurs. Vous devrez en effet retirer toutes les distractions qui pourraient interférer dans les activités où vous souhaitez attirer l’attention de l’enfant.

Parent ou professionnel, vous connaissez les centres d’intérêt de l’enfant. Alors, dans un premier temps, captez son attention en lui proposant des activités en accord avec ses intérêts. Lors du jeu ou de l’activité, vous pouvez exagérer vos expressions faciales ou appuyer vos gestes. Rendez chaque situation amusante en les accompagnant de petits bruits, de mimiques ou de gestes. N’hésitez pas à montrer votre enthousiasme lorsqu’il répond à la communication.

En d’autres termes, le secret de cet apprentissage est d’être positif à chaque instant vis-à-vis de la personne autiste au fil de cet apprentissage.

Vous pouvez consulter cette vidéo destinée aux aidants de jeunes enfants autistes « J’aide Sam à communiquer avec des mots ».

Quels outils et quelles méthodes pédagogiques sont à privilégier avec un enfant autiste ?

Les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) présentent des méthodes pédagogiques qui sont reconnues pour les enfants autistes.

ABA

L’ABA (Applied Behavioral Analysis, ou analyse appliquée du comportement), est une méthode basée sur la motivation à acquérir :

  • l’autonomie (ex. hygiène),
  • le langage,
  • l’attention,
  • les habiletés sociales (ex. être en groupe),
  • les capacités motrices,
  • et des centres d’intérêt diversifiés

… au moyen de renforçateurs physiques (ex. jeux, stimulations) ou sociaux, en réduisant les comportements jugés inappropriés.

La HAS recommande cette méthode à raison d’au moins 20 heures par semaine (30 heures idéalement).

DENVER

Denver (ou Early Start Denver Model, ESDM), est une méthode basée sur le jeu (ex. jeux de rôle), l’affect et la stimulation.

Elle est :

  • destinée aux enfants âgés de 1 à 5 ans (âge reconnu comme étant décisif pour la plasticité cérébrale),
  • applicable en fonction du développement cognitif et émotionnel de chacun,
  • recommandée à raison d’au moins 15 à 20 heures par semaine.

L’acquisition et le renforcement des compétences visées sont évalués tous les 3 mois.

TEACCH

TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication Handicapped Children, ou Traitement et éducation des enfants autistes ou atteints de troubles de la communication associés).

Cette méthode se base sur la structuration et la compréhension de l’environnement (espaces dédiés au travail, aux repas, aux jeux et à la détente).

Ceci au moyen de séances portant sur l’autonomie, l’intégration, le comportement, l’imitation, la perception, les compétences motrices, cognitives, langagières et sociales.

L’apprentissage s’effectue à l’aide de supports visuels, comme un emploi du temps ou une liste de tâches à répéter jusqu’à leur intégration dans le quotidien de l’enfant. En effet, la décomposition en étapes précises contribue à réduire l’anxiété et augmenter les chances de réussite dans les apprentissages.

Vous pouvez enfin élaborer des scénarios sociaux, au moyen de phrases simples évoquant les comportements attendus. Quelques exemples sont disponibles ici : deuil, cinéma, prise de sang, consolation, recevoir un cadeau, traverser la rue, etc. Cliquez ici pour connaître la marche à suivre.

Nous vous invitons à consulter les recommandations de la HAS afin de connaître les méthodes, validées ou non, disponibles ici.

Puis-je appliquer, en tant que parent, moi-même les méthodes recommandées ?

Vous pouvez appliquer vous-même les méthodes recommandées à l’issue de formations proposées par des spécialistes en la matière. Des professionnels sensibilisés à l’autisme et formés à ces méthodes peuvent vous proposer des programmes de guidance parentale.

La guidance parentale vise à accompagner, informer et former les parents pour les aider à trouver les meilleures stratégies éducatives favorisant leur vie au quotidien avec leur enfant. Vous pouvez, par exemple, vous rapprocher du Centre ressources autisme de votre région afin de vous renseigner sur les programmes de guidance proposés. La liste des centres ressources autisme peut être consultée ici.

Vous trouverez à la fin de cet article des liens vers des formations recommandées, ainsi que des explications sur la façon de mettre en place un outil de communication adapté aux besoins de votre enfant.

Mon enfant autiste saura-t-il communiquer comme les autres après des années d’interventions ?

Votre enfant a besoin de temps pour apprendre à communiquer. Il s’agit surtout de croire en lui et en vous, car la personne autiste aura facilement envie d’apprendre en percevant ce ressenti positif. Si nous ne pouvons vous indiquer le temps que cela vous prendra d’enseigner la communication à votre enfant (chaque profil étant unique), le tout est d’être positif à chaque instant vis-à-vis de lui au fil de cet apprentissage.

En outre, comme le rappelle la Haute autorité de santé, aucune approche éducative ou thérapeutique ne peut prétendre restaurer un fonctionnement dit « normal » ou améliorer le fonctionnement et la participation de la totalité des enfants/adolescents avec autisme.

Parents, soyez particulièrement prudents vis-à-vis d’interventions présentées comme permettant de supprimer complètement les manifestations de l’autisme voire de « guérir » leur enfant.

Mon enfant peut-il être épanoui et lui-même tout en suivant fréquemment des interventions ?

L’objectif des méthodes pédagogiques telles que l’ABA, Denver et TEACCH est d’inciter les personnes autistes à interagir avec leur environnement. On vise ainsi leur inclusion dans la société et de leur épanouissement à l’âge adulte.

Il ne s’agit pas de les « normaliser », contrairement à ce que l’on pourrait prétendre. Ces méthodes ne doivent pas être assimilées à du « dressage » (ex : récompenses alimentaires systématiques, punitions excessives). L’idée est de personnaliser les méthodes selon chaque enfant, ses besoins, ses capacités.

Quel que soit l’âge de l’enfant/adolescent, l’intensité et le contenu des interventions doivent être fixés en fonction de considérations éthiques visant à limiter les risques de sous-stimulation ou au contraire de sur-stimulation de l’enfant/adolescent.

Les parents doivent recevoir une information éclairée sur les bénéfices attendus et les risques possibles des différentes investigations, traitements ou actions de prévention.

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